Implant à GnRH : traitement alternatif contre la castration
Il faut être honnête à ce jour, en France, il n'y a guère d'alternative à la castration (ablation des testicules ou des ovaires) chez le furet. De plus, cette intervention est quasiment rendu obligatoire chez les furettes qui ne sont pas destinées à la reproduction, du fait des risques liés à l'hyper-oestrogénie.
Citation:
La vasectomie, qui consiste à couper les canaux qui véhicule le sperme, est une méthode intéressante
Surrénales et furet : signes, symptomes, alopécie, rut
Quels sont les symptômes évoquant une pathologie surrénalienne chez le furet ?
Naturellement il n'est pas question de se substituer à une consultation vétérinaire. Seul lui sera apte à poser le diagnostic. 2 signes peuvent cependant alerter les propriétaires d'une pathologie surrénalienne en train de s'installer chez le furet et le pousseront à consulter. Ils apparaissent habituellement lors de l'entrée en période de rut.
Une alopécie qui dépasse la base de la queue et s'étend sur le corps de façon symétrique (sur les 2 flancs).
L'apparition d'un comportement sexuel chez un animal stérilisé : gonflement de la vulve avec ou sans écoulement chez la furette et apparition de signes de rut (odeur, etc.) chez le mâle.
Le problème est que ces signes passent souvent inaperçue la première année car ils disparaissent souvent tout seul. Ce n'est que l'année suivante qu'ils vont être plus sévères et se maintenir. Ce qui explique qu'il y a souvent un retard de 1 an dans les consultations. Reprenons plus attentivement ces 2 signes.
L'alopécie n'est pas un signe évident même si elle est présente dans 75-100% des cas. En effet, nombreux sont les furets qui présentent une dépilation saisonnière. Lorsqu'elle touche la queue uniquement, elle est considérée comme anodine. Cependant lorsqu'elle s'étend à sa base ou au reste du corps, elle doit être considérée comme anormale. Il ne faut pas non plus la confondre avec une alopécie liée à l'hyper-oestrogénie de la femelle non stérilisée ou incomplètement stérilisée (persistance de reliquats ovariens qui "repoussent" après l'opération). La première année l'alopécie guérit habituellement complètement. Par contre, elle réapparaît à la saison de reproduction suivante. Elle restera alors souvent définitive.
Pour la reprise d'un comportement sexuel chez un individu castré, chez la femelle stérilisée, le gonflement de la vulve est l’un des signes les plus fréquents. Mais tout peut se voir : vulve tout juste élargie à très oedématisée en passant par des écoulement séro-muqueux, purulents ou même sanglants (hémorragiques). Néanmoins là encore la difficulté réside chez une furette qui présente des reliquats .
D'autres signes peuvent être présent. Je n'en ferai pas une liste exhaustive. Je me contenterai de citer l'altération de l'état générale et les anomalies urinaires chez le mâle stérilisé. L'altération de l'état générale est présente dans plus de 60% des cas. Elle se manifeste par une fatigue, une perte de poids, une anorexie. Pour résumer, c'est un furet fatigué, qui maigrit et ne mange plus beaucoup voire plus du tout. Pour les anomalies des voies urinaires chez le mâle stérilisé, on peut retrouver un épaississement de l'urètre (hyperplasie) au point de gêner l'écoulement de l'urine, voire même entraîner une obstruction totale, en passant par l'incontinence et des urines qui s'écoulent aux gouttes à gouttes (strangurie).. Le furet male devient stérile. L'intervention, par contre, ne supprime pas les signes de rut et ses conséquences (comportement territorial et marquage). La furette saillie s'expose à une grossesse vide.
Au Pays-Bas, une méthode "contraceptive" est en train de voir le jour. Elle repose sur la mise en place dans le corps du furet d'un implant qui contient un médiateur chimique (analogue du GnRH). Ce produit "éteind" chimiquement les ovaires et les testicules sans intervention chirurgicale et normalement ne s'accompagne pas d'un risque de cancer des surrénales. Les premiers résultats sont trés prometteurs (une centaine de furets).
Il faut installer un nouvel implant tous les ans.
Celui qui coordonne cette nouvelle technique de stérilisation est le Dr Schoemaker qui avait mis en évidence une relation entre la stérilisation (précoce ou non) et la survenue des cancers surrénaliens (Cf. Quel est l'impact de la stérilisation sur la santé du furet).
Cette méthode est qui plus est, plus performante que la castration. Ainsi chez le male est supprime même l'odeur musquée de l'animal.
Comment fonctionne cette méthode ?
L'implant fonctionne un peu comme les implants contraceptifs utilisés chez la femme depuis quelques années, à savoir qu'il est implanté sous la peau d'où son nom. Mais la comparaison s'arrête là car ce n'est pas le même produit qui est injecté, ni le même "véhicule".
L'implant hormonal pour furet libère dans le corps non pas des hormones comme chez les femmes mais un médiateur chimique, un analogue du GnRH. Cet analogue (acetate de leuproline LUCRIN ou LUPRON) est aussi employé comme traitement des tumeurs des surrénales.
Un analogue signifie qu'il va se fixer sur les mêmes récepteurs que ceux destinés au GnRH. Dans un premier temps il va stimuler les récepteurs, puis les inhiber. On parle d'analogue antagoniste. Ainsi, l'implant va s'opposer à l'action du GnRH.
Rappelez vous ce schéma :
Le cerveau libère 2 molécules FSH et LH qui vont stimuler les glandes sexuelles : testicules ou ovaires (Cf. La stérilisation chez le furet : hypothèses FSH et LH). Après la castration, FSH et LH augmentent et comme ils ne trouvent pas les ovaires, ils vont "allumer" des récepteurs au niveau des glandes surrénales (essentiellement LH). Les surrénales sur-stimulées vont libérer des hormones sexuelles. Avec le temps, elles perdent "les pédales", grossissent et se tranforment en cancer (Cf. la stérilisation chez le furet : le rôle de LH).
L'implant libère un analogue du GnRH. En tant normal, le GnRH est une substance libérée dans le cerveau (par l'hypothalamus). C'est elle qui provoque la sécrétion de FSH et LH (par l'hypophyse).
Citation:
Le GnRH a peu varié au cours de l'évolution des vertébrés. C'est une petite protéine (peptide), composé d'une dizaine d'acides aminés identiques chez tous les mammifères : pGln-His-Trp-Ser-Tyr-Gly-Leu-Arg-Pro-Gly-Nh2.
En présence de l'analogue libéré par l'implant, le GnRH ne fonctionne plus. S'il ne fonctionne plus, cela veut dire que FSH et LH ne sont plus sécrétées, donc les ovaires et testicules "s'éteignent". Cela revient à faire une "castration chimique".
Comme FSH et LH ne sont plus secrétés, ils ne stimulent pas les surrénales et celles-ci n'ont pas de raison de dégénérer.
Par contre, une fois l'implant retiré, l'animal redevient fertile.
Conclusions :
Cette méthode a été testé efficacement pour l'instant mais nous n'avons pas encore de recul et quant à savoir lorsqu'elle arrivera en France, c'est une autre histoire. Personnellement, je serais tenté de dire que c'est une grande avancée mais l'avenir nous le dira.